En pleine tourmente, Christian Charpy recadre les priorités de Pôle emploi, Article du MONDE du 11 juin

Publié le par Union régionale FO PACA Pole Emploi

 

L
e directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, est confronté à un double problème. Celui des chiffres : les résultats de l'emploi salarié au premier trimestre 2009, révélés mercredi 10 juin par Pôle emploi, font état de la destruction de 175 100 emplois dans le secteur privé couvert par l'assurance-chômage (- 1,1 %). Près de 300 000 emplois ont disparu en un an.

Le problème est aussi interne. M. Charpy doit faire face à des assauts de plus en plus rudes contre la façon dont il conduit la fusion entre l'ex-ANPE et les ex-Assédic. Le vice-président de Pôle emploi, représentant de la CFE-CGC, Alain Lecanu a réclamé sa tête dans Les Echos mercredi 10 juin. "Il est grand temps de donner un second souffle à la fusion et de changer de directeur général", déclare-t-il. Annie Thomas, vice-présidente CFDT de l'Unédic, enfonce le clou tout en se défendant de vouloir la tête de M. Charpy. "Il organise la fusion sur un mode étatique et ne respecte pas les partenaires sociaux, estime-t-elle. Le directeur doit comprendre qu'il y a un conseil d'administration où les partenaires sociaux sont majoritaires et que l'Unédic reste le premier financier de Pôle emploi."

Le climat social interne est aussi tendu. CGT, SNU-FSU et SUD appellent, après plusieurs journées d'action, les salariés de Pôle emploi à la grève le 18 juin. Cette agitation risque de contrarier l'Elysée, qui a réclamé cette fusion et qui a besoin d'un service de l'emploi optimum pour amortir les effets de crise.

Christian Charpy servira-t-il de fusible ? "Que certains profitent d'un moment de difficulté forte pour tenter de fragiliser le directeur est possible, nous a déclaré M. Charpy. Ma priorité est d'offrir le meilleur service aux demandeurs d'emploi." Se déclarant "peu surpris des propos de M. Lecanu qui était contre mon arrivée", il rappelle qu'il est "nommé par le président de la République".

"Dans le contexte économique le plus grave depuis la fin de la guerre", M. Charpy a recadré, mercredi, les priorités : nouvelles embauches pour répondre au téléphone, externalisation de certaines prestations et moyens supplémentaires pour la formation. L'urgence est de "préparer la rentrée". Une rentrée qu'il craint "catastrophique" avec l'épuisement dans nombre d'entreprises des dispositifs de chômage partiel, la concrétisation des plans sociaux, le RSA généralisé et l'arrivée sur le marché du travail de 600 000 jeunes.

Pôle emploi va recruter, en sus des 1 840 embauches en cours, 500 agents en CDD pour la fin de l'été et l'automne. Ils assureront le développement de "nouvelles plates-formes téléphoniques régionales qui permettront de dégager du temps dans les agences pour l'indemnisation et l'accompagnement", explique M. Charpy.

Plus de missions vont être laissées à des prestataires privés, portant le budget de la "cotraitance" à 483 millions d'euros. "Dès septembre, l'ensemble des ateliers, des activités de bilan seront confiés aux prestataires externes", dit M. Charpy.

Enfin, Pôle emploi va lancer, le 15 juin, des appels d'offres régionaux pour sélectionner les organismes qui formeront quelque 100 000 chômeurs cette année (120 000 à 150 000 en 2010). Le budget est de 350 millions d'euros, auxquels s'ajouteront 200 millions de la formation professionnelle.

Rémi Barroux , Le MONDE
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